Gokarna
Jusqu'à la dernière minute, nous ne savions pas vraiment ou descendre. Notre bus longeait la côte de Goa, un large choix de plages s'offrait donc à nous. Nous hésitions entre les plages tranquilles et peu développées de Gokarna, la belle mais touristique plage de Palolem et les plages du nord plus festives.
Au dernier moment, nous décidons de suivre les conseils du tchèque que nous avions rencontré quelques jours plus tôt et de descendre à Gokarna. Il est 4H du matin, nous attendons environs ½ heure un bus pour la ville. Arrivés à Gokarna, nous semblons les seuls avec Dan un roumain à vouloir rejoindre Paradise beach. Pour y arriver, nous devrons encore faire 10 km en rickshaw et ½ heure de marche. Il fait encore nuit lorsque nous attaquons le sentier bien escarpé. Encore une aventure, mais bon si cette île porte bien son nom ça devrait en valoir la peine Nous arrivons à 7 heures sur cette petite plage vraiment charmante. Déjà quelques personnes se réveillent et se mettent autour d'un feu qui semble avoir flambé toute la nuit.
Nous trouvons un bungalow à l'extrémité de la plage, c'est vraiment très tranquille. Par contre, c'est ce que nous avons eu de plus rustique depuis le début de notre voyage. Une structure en bois et des feuilles de cocotier tréssées pour les murs, une natte et deux petits matelas pour dormir, rien de plus. Pour ce qui est des sanitaires, des chiottes turcs comme il y a un peu partout et des pierres entourées de feuilles de cocotier tréssées avec un tuyau d'eau pour la douche.
Petit à petit, nous nous lions d'amitié avec la famille chez qui nous logeons. Ils viennent juste de s'installer, alors pour les aider, nous prenons tous nos repas chez eux. Nous discutons de longs moments le soir avec Shivanan le patron. Nous apprenons quelques mots de Kannada, la langue utilisée dans le Karnataka. L'Inde est presque un continent, de nombreuses langues y sont parlées.
Nous nous sommes attachés à toute cette famille. Shivanan nous fait beaucoup rigoler, son ami arrivé pour notre quatrième soirée encore plus. Par contre, ce dernier semble avoir quelques problèmes avec l'alcool, comme de nombreux indiens dans le coin. La femme de Shivanan, Gita est également très gentille, mais les coutumes ainsi que son anglais rendent les relations avec elle plus distantes. Ce qui est assez paradoxal car elle touche beaucoup Elodie. En Inde, les hommes se touchent beaucoup également, nous avons été surpris les premiers jours lorsque nous les avons vu se donner la main, se tenir par l'épaule un peu comme les couples chez nous. Les couples en revanche ne montrent aucun signes d'affection en public. Il y a aussi Ruby, le frère de Gita avec qui nous prenons quelques cours de cuisine. Cela lui fait autant plaisir qu'à nous, il était très fier de nous transmettre son savoir. Ruby est un très bon cuisinier qui a tout appris sur le terrain. Il a quitté l'école à 9 ans et ensuite il est devenu balayeur dans le restaurant d'à côté. Il nous dit qu'il avait toujours un oeil sur ce qui se passait en cuisine, ensuite il est donc devenu cuisinier. Nous avons été invité à partager un repas avec eux dans leur cuisine, c'était super épicé mais il a fallu manger. Nous avons essayé de respecter les règles de circonstance, retirer nos chaussures, manger de la main droite (pas de fourchette) car la gauche est réservée à la toilette. Pour finir, il y a le fils de 6 ans, le grand père que nous voyons par intermittences.
Paradise Beach est vraiment un endroit formidable, chaque matin nous prenons notre petit déjeuner avec la vue sur la mer avec les dauphins qui nagent par ci par là. Il n'y a pas grand monde et c'est vraiment bon esprit. Tout le monde vit ici avec un minimum de confort mais l'essentiel est là.
Nous partageons nos journées entre lecture, baignade, repas, balades, blablablatement et pêche pour Deden. Il nous a également fallu une journée entière pour aller changer des billets de train. Après bateau, rickshaw et train, nous avons pu arriver dans une gare équipée du réseau. Il nous a ensuite fallu attendre 3H00 pour reprendre un train puis un bus pour finir par ½ heure de marche et rentrer chez nous. Durant notre attente dans la gare, un groupe d'enfant vient pour nous demander de l'argent, nous ne leurs en donnons pas mais jouons un peu avec eux, seuls les plus jeunes semblent s'amuser. Les deux grandes n'oublient pas qu'il faut ramener de l'argent et répètent monnaie toutes les 5 minutes. A 7 ou 8 ans, leur innocence d'enfant est déjà partie au profit de préoccupation d'adultes chez nous. Finalement, nous leurs achèterons à manger, en se demandant si c'est bien ou pas. Notre situation de touriste dans ces pays pauvres nous fait nous poser beaucoup de questions auxquelles nous n'avons pas de réponse.
Pour travailler notre anglais, nous trouvons rien de mieux que de rencontrer des espagnols et des argentins. Nous passons de très bons moments tous ensemble, en plus, ça nous fait vraiment plaisir de reparler espagnol.
C'est avec un grand pincement au coeur que nous avons quitté Paradise Beach. Nous ne sommes pas prêts d'oublier l'image de notre départ en bateau avec toute la famille nous faisant signes de la main jusqu'au dernier moment.